Cinq conseils pour trouver un travail qui a du sens

Yan

Les salariés veulent désormais se sentir utiles et travailler pour une entreprise qui partage leurs valeurs. Startuppeuse, philosophe, auteur, économiste, professeur, DRH… Ils vous livrent des conseils concrets pour donner du sens à votre travail.

Est-ce que mon poste a du sens ? A quoi je sers ? Des questions que les salariés se posent de plus en plus. Selon une étude Deloitte et Viadeo menée l’année dernière, 87% des salariés accordent de l’importance au sens au travail. Ils sont même 54% à considérer que cela guide leur choix de métier.
“Pour la jeune génération, le travail n’est plus un simple moyen de subsistance. Un rapport identitaire au travail se dessine, sur le thème ‘dis moi pour qui tu bosses, je te dirais qui tu es’”, analyse Emmanuelle Duez, fondatrice du Boson Project, un cabinet de conseil qui veut “mettre les collaborateurs au coeur des processus de transformation”. Or ce qui était porteur de sens pour les générations passées ne l’est plus, affirme Etienne Cadre, DRH chez Amaris, spécialisé dans le conseil en management et technologies : “Le sens a longtemps été porté par l’Etat, par l’entreprise et par des codes. Mais cette configuration ne fonctionne plus, il faut trouver un nouveau contrat social qui porte du sens avec les acteurs de l’entreprise”.


Comment, alors, trouver un sens à son travail ? Voici cinq conseils.

1. Réfléchir à ce qu’on cherche

“Trouver du sens” est une notion bien abstraite. Définissez d’abord ce que représente le travail pour vous. Réfléchissez à ce que vous voulez vraiment, à qui vous êtes. Quelles sont les valeurs qui vous animent ? Qu’est ce qui vous donnerait envie de surpasser votre fiche de poste ? “N’hésitez pas à formaliser ces idées par écrit”, conseille Emmanuelle Duez.

2. Trouver son alter ego

Il faudra ensuite chercher les entreprises qui partagent les mêmes valeurs que vous. “C’est comme en amour, il n’y a pas une seule personne faite pour vous : il y a de nombreuses entreprises compatibles, il s’agit de construire une histoire avec l’une d’entre elle ?”, assure Thierry Nadisic, professeur associé à l’EM Lyon et docteur en comportement organisationnel.

L’entretien d’embauche servira ensuite à vérifier cette compatibilité. L’objectif n’est pas de se vendre à tout prix à l’employeur mais d’affirmer ses valeurs. “Ne dites pas ‘oui, ce que vous êtes me parle’ si ce n’est pas le cas”, alerte Emmanuelle Duez. “Prenez l’initiative en disant ‘je recherche une boite écologique’ par exemple. Si les valeurs vous correspondent, vous pourrez faire n’importe quel job”.

3. Aligner sa vision individuelle avec la vision collective

Donner du sens est l’un des premiers axes du bien-être au travail, affirme Thierry Nadisic. Il conseille de réaliser d’une “fiche de contribution”. Objectif : caler sa vision individuelle avec la vision collective pour donner du sens à ses actions au quotidien. Concrètement, “réécrivez votre fiche de poste en trois colonnes : vos missions et tâches, en quoi vous utilisez vos forces personnelles, et comment cela sert l’organisation. Les personnes qui font ça redonnent du sens à leur travail car elles créent un lien entre ces trois colonnes”, explique Thierry Nadisic, qui illustre cet exercice avec la métaphore des bâtisseurs de cathédrale. “Vous demandez à ces trois ouvriers le but de leur travail. L’un répond qu’il le fait pour nourrir sa famille, le deuxième pour devenir compagnon à la place du compagnon, et le troisième répond ‘je pose une pierre car je construis une cathédrale’. Ce troisième ouvrier a aligné les buts”.

4. Accepter son inutilité (passagère)

Parfois le travail perd de son sens. Au bout de quelques années, le salarié commence à s’ennuyer. “C’est le moment de trouver une nouvelle vision, cela signifie qu’on est au bout de notre contribution”, explique Thierry Nadisic. Les périodes entre deux visions sont difficiles à accepter mais il faut selon lui commencer par se déculpabiliser.

“Acceptez d’être dans une période où vous ne servez à rien et laissez vos envies mûrir. La méthode ‘percée’ aide à passer d’une vision A à une vision B. Il s’agit de chercher le silence intérieur, d’éviter de foncer dans une nouvelle opportunité tête baissée ou de parler à trop de gens”. Il est aussi possible de s’entourer d’un coach, d’un senior ou d’un ami, sous réserve qu’il ne soit pas directif et pose des questions très ouvertes.

5. Trouver un sens extérieur à son travail

Julia de Funès est plus catégorique. Pour cette philosophe et co-autrice de “La comédie (in)humaine. Comment les entreprises font fuir les meilleurs”, le travail n’a pas de sens intrinsèque. “Le sens est extérieur, il est où l’on va. Travailler pour travailler n’a pas de sens. Alors que travailler pour se payer une paire de chaussures, ça peut paraître futile mais c’est censé. Pour trouver du sens, il faut vraiment s’écouter plutôt que de répondre à des normes sociales et éducatives”.

Julia de Funès assure qu’il faut donc trouver une finalité extérieure à son travail. Un état d’esprit qui fait son chemin chez les Millennials selon elle : “Les jeunes générations ne pensent plus le travail comme une fin en soi, ce qui est très libérateur. Quand on fait d’un moyen une fin en soi, on tombe dans le non-sens. Ce qui a du sens, c’est de se dire ‘je vais travailler pendant un an pour ensuite voyager’”. Alors que les métiers deviennent de plus en plus techniques, il devient rare de voir le résultat concret de son travail. Selon la philosophe, cette tendance va renforcer ce besoin de trouver un sens extérieur au travail.

Par Amélie Petitdemange | 02/01/2019 à 09:00, mis à jour le 02/01/2019

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